Vous avez fort probablement suivi comme moi dans les derniers mois plusieurs annonces d’employeurs procédant à des mises à pied, ou encore vous travaillez en acquisition de talents et vous entendez soit parler de prudence aux niveaux des embauches, réduction des budgets ou report de projets étant donné l’incertitude d’une récession qui nous guette.
Et puis vous tombez aussi sur des articles de La Presse, du Journal de Montréal, du Devoir sur le taux de chômage à un creux record de 3.8%. Est-ce vraiment une surprise ou une nouvelle sensationnelle? Je ne crois pas.
Comme je ne crois pas pas plus, d’ailleurs, que la récession corrigera la pénurie de main d’œuvre.
Ce que le marché démontre malgré l’inflation, la hausse des taux d’intérêt et une récession ou ralentissement économique est que les scénarios ou projections relevés par Statistique Canada basés sur des modèles de simulation Démosim s’affirment: la population active du Québec et du Canada va continuer d’afficher une décroissance pour encore plus d’une décennie*.
En bref, le vieillissement de la population et la faible entrée de nouvelles personnes dans le marché du travail ne disparaîtront pas, peu importe la situation économique.
Autre problématique qui affecte aujourd’hui le marché du travail : la rapidité de l’évolution des rôles ou compétences clés qui se transforme plus vite qu’un programme d’éducation postsecondaire n’est en mesure de se créer.
Ce qui est certain, c’est qu’on a déjà et on continuera d’avoir une pénurie (oui, je suis aussi probablement aussi fatigué que vous sur l’utilisation du mot!). Non seulement le marché n’aura pas le minimum de gens nécessaire, mais en plus les compétences et nos méthodes de formations devront évoluer.
Ce qui est en revanche choquant est de voir encore une fois (car plusieurs d’entre nous ont eu la chance de le voir avant en mars 2020, en 2008, ou en 2001) le marché mettre les freins sur leurs initiatives en attraction/acquisition de talents ou développement/formation en pensant que cette fameuse récession va corriger le problème, et que soudainement un bassin inespéré de talents va se manifester et venir cogner à leur porte.
Confidence pour confidence, je me lance: il n’y aura pas de bassin magique caché, désolé.
Au contraire, si cette récession ne pouvait donner ne serait-ce qu’une légère brise temporaire dans un marché en surchauffe, c’est l’occasion rêvée d’en profiter non pas pour ralentir, mais pour augmenter la cadence.
Trop souvent l’histoire se répète et on préfère recruter et mettre en place des stratégies lorsque tout va mal et que l’ensemble des conditions sont contre nous…
S’il n’y a aucune surprise pour moi sur les annonces concernant le taux de chômage, je reste très interpelé par la faible évolution de nos pratiques en attraction et acquisition de talents si ce n’est que dans la façon dont nous évaluons et nous concentrons sur nos expériences: candidats, recruteurs et gestionnaires.
Avec un peu plus d’optimisme, je souhaite que si la moindre pause se manifeste, nous puissions nous y pencher un peu et transformer notre profession.
*source : Satistique Canada.